
De nombreuses associations naturalistes ont saisi le préfet de Côte d’Or sur les opérations de capture et de régulation de blaireaux ordonnées dans le département de la Côte d’Or afin de lutter contre la tuberculose bovine.
Après une première campagne de piégeage en 2009 (arrêté préfectoral du 10 juillet 2009 ordonnant la destruction d’individus de l’espèce sanglier et de l’espèce blaireau fréquentant les bâtiments d’élevages agricoles et leurs abords), la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) a mis en œuvre un programme de dépistage et d’élimination de blaireaux (arrêté préfectoral du 4 mars 2010 ordonnant la capture de blaireaux à des fins de dépistage de la tuberculose bovine sur l’ensemble du département et arrêté préfectoral du 4 mars 2010 ordonnant la régulation des populations de blaireaux dans certaines zones du département).
Tant pour les opérations de capture que de régulation de blaireaux, les lieutenants de louveterie sont autorisés à piéger (avec l’aide de piégeurs), à tirer (de nuit avec utilisation de sources lumineuses avec l’aide de chasseurs) et à déterrer (avec l’aide de déterreurs) (courrier de la DDT du 22 avril 2010 – tir du blaireau). Ainsi, et en dépit des contraintes budgétaires actuelles, des mesures incitatives ont été mises en place (collets financés par la DDPP, paiement de 10 € par blaireau présenté …, cf. lettre d’information N° 5 de la DDPP, février 2010).
Saisi en 1998 sur ce même dossier de la tuberculose bovine, le Conseil de l’Europe indiquait : «On peut douter que l’élimination des blaireaux ait une utilité, et l’on ne devrait certainement pas y recourir». Depuis, les suivis réalisés par des experts au Royaume Uni où la tuberculose ovine sévit bien davantage qu’en France, ont démontré que non seulement cette méthode est sans résultat bénéfique, mais qu’elle tendrait au contraire à augmenter l’incidence sur le cheptel domestique.
Dans une étude menée sur place en 2009, un comité d’experts spécialisés mandatés par l’Agence française de sécurité sanitaire a confirmé » l’existence fréquente de pratiques d’élevage à risque contribuant à son extension géographique non seulement au sein du département mais également dans les départements voisins ». L’étude insiste toutefois sur le fait que l’éradication des blaireaux peut conduire à la déstabilisation et au déplacement des populations. Pareilles destructions sont réalisées depuis nombreuses années au Royaume-Uni où sévi la tuberculose bovine de manière bien plus importante qu’en France. Les suivis qui y sont réalisés démontrent non seulement que cette solution est sans résultat bénéfique mais qu’au contraire elle tendrait à augmenter l’incidence de la tuberculose bovine sur le cheptel bovin. » Le deuxième effet négatif est de focaliser l’attention des éleveurs sur la responsabilité éventuelle mais actuellement improbable de la faune sauvage dans l’infection de leur cheptel bovin » précise encore le comité d’experts.

Inscrit à l’annexe III de la Convention de Berne, le Blaireau, espèce méconnue, fait partie intégrante de notre patrimoine naturel. Son piégeage est interdit et il n’est désormais plus chassable dans le département du Bas-Rhin. Sa dynamique de population étant très lente, il est donc à craindre que cette destruction massive entrainera une baisse brutale de ses effectifs, voire une disparition locale de l’espèce. Ceci allant à l’encontre des engagements de la France en matière de préservation de la biodiversité.
En l’absence d’un recours auprès du Tribunal administratif, et en cette Année internationale de la Biodiversité, les associations demandent à la préfecture de bien vouloir présenter un bilan détaillé de ces opérations de capture et d’élimination de blaireaux et de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à cette destruction massive de blaireaux (en 3 mois, plus de 2 050 blaireaux auraient été tirés, piégés, détruits …).
Si une campagne de dépistage destinée à évaluer le risque, à attester la corrélation entre les animaux atteints et le cheptel bovin peut se comprendre, elle doit porter sur des prélèvement d’échantillons de populations significatives. En aucun cas une extermination systématique et totale n’est acceptable sans certitudes.
Affaire à suivre !!!