Week-end découverte des glaciers

Glacier de Bonnassay © Mairie de Saint-Gervais

A l’heure où les précipitations et les dérèglements du climat sont au cœur des préoccupations des français,  Saint-Gervais – qui héberge sur sa commune le toit de l’Europe – organise une rencontre sur le thème du réchauffement et des dérèglements climatiques avec JEAN JOUZEL, LUC MOREAU ET YAN GIEZENDANNER, acteurs incontournables en matière de climatologie, (cf présentation ci-dessous) les samedi 26 et dimanche 27 juin.

Ce sera une rencontre très visuelle avec un carottage du glacier en direct et les résultats du dispositif photo mis en place l’an dernier.

Dimanche 27, journée gratuite ouverte au public avec au programme : montée en Tramway du Mont-blanc, découverte du glacier et conférence débat soulevant des problématiques comme : le réchauffement climatique menace t-il les stations ? Quels sont les risques associés au recul des glaciers ? Quels sont les impacts du climat sur les métiers de la montagne ? Quelles orientations pour un tourisme durable ?

Conférence du samedi 26 juin

Avec JEAN JOUZEL, YAN GIEZENDANNER, LUC MOREAU

Depuis le Sommet de la Terre à Rio en 1992, quinze conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques se sont tenues. La quinzième de ces conférences étant celle de Copenhague (Danemark) du 7 au 18 décembre 2009.

Les experts du Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) estiment que le réchauffement climatique contemporain est lié à 90 % aux activités humaines depuis 1860. Ils estiment également que d’ici 2050, il y aura environ 250 millions de réfugiés climatiques.

Le point commun de toutes les manifestations sur ce thème qui regroupent la quasi-totalité des États du monde est d’arriver à une prise de conscience homogène afin de lancer des actions concrètes et durables pour limiter les effets du réchauffement à l’échelle planétaire.

Dans un contexte sociopolitique préoccupant concernant le réchauffement contemporain, les objectifs de la manifestation « Glaciers, mémoire du climat », qui se déroulera à Saint Gervais, au pied du Mont Blanc, sont d’engager le débat et l’innovation scientifique sur les enjeux climatiques à l’échelle des glaciers, ces derniers étant considérés comme de bons indicateurs environnementaux des variations climatiques.

Depuis un siècle et demi environ, les glaciers des montagnes du monde régressent de façon rapide. Ce fait est-t-il dû au réchauffement climatique contemporain ? Cette rencontre a pour ambition de lancer le débat scientifique selon quatre axes de recherches.

Quel est l’impact du réchauffement climatique sur les glaciers ? Pendant le Petit Âge de Glace de 1550 à 1850 environ, les glaciers se sont engraissés. Entre 1850 et 1940, les glaciers ont connu une phase de régression. Ce recul glaciaire s’est ralenti même inversé dans certains cas de 1950 à 1980. Depuis les années 80, on assiste à un recul généralisé des glaciers dans le monde. Est-ce que ce phénomène est dû au réchauffement global contemporain ? Peut-ton approfondir nos connaissances sur le climat par les carottages et l’analyse de l’eau glaciaire ?

Quels sont les risques associés au recul des glaciers ? En reculant dans sa vallée le glacier libère des espaces qui étaient sous la pression de sa glace. Ces espaces libérés des glaces ne sont plus soumis aux mêmes dynamiques qu’auparavant. Dans le contexte actuel de retrait des glaciers alpins et pyrénéens, la survenue d’événements glaciaires catastrophiques n’est pas hypothétique. Dans les Alpes, plus de 1000 km² sont englacés autour de 10 millions d’habitants. Le déclenchement de risques glaciaires importants est un enjeu majeur pour ces populations. Quelles techniques et méthodes permettent d’identifier ces risques ? Comment faire face à de tels dangers ? Est-ce que la hausse  contemporaine des températures va contribuer au déclenchement de ce type de risques ?

Les glaciers, une ressource naturelle d’eau potable ? Dans les Alpes et d’autres régions du monde, les espaces glaciaires jouent un rôle important comme réservoirs d’eau potable, pour la production d’énergie hydraulique et d’eau d’irrigation. Une évolution négative de l’extension de ces espaces remettrait en cause une partie de l’économie montagnarde basée sur ces faits.

L’évolution des métiers de la montagne ? Les alpinistes et les guides de haute de montagne sont aux premières loges pour observer les effets du réchauffement climatique en montagne. Quels sont les impacts directs sur leur métier ? Quels sont les risques ? Comment y répondent-ils ?

Le devenir des stations de moyenne altitude ? Doivent-elles envisager une reconversion ?

LA MONTAGNE A L’ETAT PUR

« Pour ne laisser dans la montagne que la trace de nos pas… »

Saint-Gervais héberge sur sa commune le toit de l’Europe occidentale, le Mont-Blanc, un sommet convoité chaque année par plus de 30 000 alpinistes. Consciente de son patrimoine naturel et bâti extraordinaire, la commune s’est engagée dans des actions d’éducation, de prévention et de sauvegarde dès 2003 sous l’impulsion de son maire Jean-Marc Peillex qui soutient l’idée de tourisme doux et de la préservation du Mont Blanc ! C’est à lui que l’on doit la démarche environnementale active La Montagne à l’Etat Pur « pour ne laisser dans la montagne que la trace de nos pas ».
Six ans de pédagogie et de sensibilisation sur le terrain ont porté leur fruit ; Saint-Gervais constate une évolution certaine des mentalités, une promesse encourageante pour la suite.


Questions à Monsieur le Maire Jean-Marc Peillex

Pourquoi avoir initié la démarche La Montagne à l’etat Pur ?
JMP : je ne souhaite pas que le Mont Blanc devienne un parc d’attractions. La montagne forme un espace sensible et fragile où l’intervention humaine n’est pas sans conséquence. Depuis plusieurs années, la commune de Saint-Gervais a ainsi décidé de se placer sous le signe de la pureté et de la liberté en initiant une démarche environnementale résolument tournée vers l’avenir baptisée « La Montagne à l’Etat Pur ». Nous faisons le choix délibéré du respect – du patrimoine bâti et naturel, des habitants et des zones de passage – et non de l’exploitation commerciale outrancière de la montagne. Nous voulons démontrer que la montagne en général et le Mont-Blanc en particulier ne doit pas être un produit de grande consommation mais redevenir un lieu privilégié dans lequel la seule règle de conduite autorisée à l’homme est le respect.

Quels sont les objectifs de La Montagne à l’Etat Pur ?
JMP : les objectifs prioritaires sont :
– la maîtrise de l’accès au Mont Blanc,
– la réduction des impacts de la sur fréquentation par la mise en place d’actions simples,
– tout en conjuguant tourisme et liberté, la proposition d’une gestion des sites naturels la meilleure qui soit
avec la volonté d’une grande responsabilisation de chacun,
– une information et un dialogue permanent autour des engagements de la ville de Saint-Gervais.

Concrètement, quels sont les moyens mis en oeuvre pour réaliser ces objectifs ?
JMP : c’est un travail de tous les jours qui touche à tous les aspects de la vie courante. Par exemple nous avons lancé l’équipement en toilettes sèches au Mont-Joly, au Crozat, au Nid d’Aigle et à l’abri Vallot, le plus haut abri équipé de telles toilettes en Europe (à 4 362 m sur la voie d’accès au Mont-Blanc). Nous sommes aussi la première commune de Haute-Savoie à utiliser des enrobés écologiques pour refaire nos routes.Nous organisons deux fois par an des journées de nettoyage au printemps et à l’automne. Enfin, nous faisons passer nos messages de sensibilisation via des ambassadeurs de renom grâce au Mont-Blanc des Media ou à la Cordée des Ambassadeurs par exemple ou encore à travers des actions médiatiques comme des campagnes d’affichage dans le métro parisien. Temps forts de la campagne 2008, « La cordée des Européennes».

Prochaine étape : « Opération Grand Site »
Démarche originale et pragmatique proposée par le Ministère de l’ecologie et du Développement Durable, les Opérations Grand Site répondent aux problèmes de dégradation de sites classés majeurs, victimes d’une fréquentation excessive.
C’est avec du recul et de l’expérience que Saint-Gervais propose aujourd’hui à ses voisins de s’unir et de lancer cette Opération Grand Site pour l’avenir du Mont-Blanc, mais aussi du tourisme et des conditions de vie et de travail au Pays du Mont-Blanc.