
Largement répandue en Allemagne et dans la plupart des pays d’Europe, notamment les pays scandinaves, les toitures végétalisées restent méconnues en France.
Au-delà de ses qualités esthétiques, une toiture végétalisée offre de nombreux avantages, tant du point de vue écologique qu’en terme de performances thermiques ou acoustiques.
Ce système, qui s’installe aussi bien sur une structure en acier, en bois ou en béton, se compose d’un élément drainant (substrat) qui vient recouvrir l’étanchéité, constitué de matières organiques (mélange de terre, compost végétal de feuilles ou d’écorces) et volcaniques (particules de lave, pierre ponce, zéolithe…) permettant ainsi d’accueillir une couche végétale, principalement herbacée ou arbustive : vivaces, graminées, sédum… plantes choisies suivant l’ensoleillement, le climat de la région, la pente du toit, l’épaisseur du substrat… 10 cm suffisent par exemple pour des rouleaux prévégétalisés, mais plus l’épaisseur est importante, plus le choix de plantes s’élargit.
On distingue ainsi trois types de plantations, suivant l’épaisseur de substrat et l’arrosage nécessaire :
-plantation extensive
Simple couvert végétal assez rustique, très léger, qui demande peu d’entretien et utilise peu de substrat (moins de 10cm), ce qui la rend facilement adaptable dans le cadre d’une rénovation. Les plantations, serrées et basses, offrent une bonne résistance aux vents et intempéries. Un entretien annuel suffit.
-plantation semi-extensive
Utilise relativement peu de substrat également (10 à 30cm), avec généralement un système d’arrosage « goutte à goutte » intégré, qui permet de mélanger couvre-sols et plantes à feuillages ou à fleurs, éventuellement des grimpants et des petits arbustes.
Nécessite un entretien régulier, modéré, mais avec un arrosage indispensable.
-plantation intensive
Utilise une quantité très importante de substrat (jusqu’à 1m ou 2 de profondeur), permettant ainsi la présence d’arbres, ce qui conduit à la réalisation d’une toiture-terrasse jardin. La pente de toit ne peut dépasser 3°.
Si ce système permet d’offrir des surfaces vertes supplémentaires, ainsi qu’une meilleure intégration des bâtiments dans l’environnement, il apporte surtout de nombreuses réponses en termes de qualité environnementale.
Ainsi, la toiture végétale permet de fixer et absorber le CO2 et les poussières retenues dans l’air, libère de l’oxygène, jouant ainsi le rôle de filtre, et permet donc une réduction de la pollution atmosphérique. De plus, elle permet la régulation des eaux de pluie, en absorbant les précipitations et limitant les risques d’inondations dues à l’engorgement des réseaux, notamment après des périodes de sécheresse, tout en filtrant et épurant les eaux de pluie.
Elle joue donc le rôle d’éponge, dans un premier temps, puis restitue l’eau à l’atmosphère par évaporation et a par conséquent des effets bénéfiques sur l’hygrométrie.
En dehors de ces avantages d’utilité publique dont chacun profite, les toitures végétalisées offrent de nombreux avantages aux propriétaires.
Ainsi, en protégeant la membrane d’étanchéité des UV et des chocs thermiques (par exemple, pluie froide sur toiture chaude), elle permet de prolonger sa durée de vie, compensant ainsi le coût initial de mise en œuvre.
Mais surtout, elle offre une importante possibilité de régulation thermique du bâtiment, en influençant le climat intérieur du bâtiment, c’est-à-dire -pour résumer- qu’elle permet de garder la chaleur en hiver (le substrat de culture permet de limiter les pertes de chaleur) et la fraîcheur en été, notamment grâce à son processus qui contribue à humidifier l’air ambiant.
D’autre part, ce type de toiture offre une protection phonique très intéressante : elle réduit considérablement les bruits d’impacts, les ondes sonores, et induit une réduction des bruits de l’environnement urbain, jusqu’à 4O Db pour un substrat de 12cm. Ce n’est pas négligeable, notamment dans des zones survolées par des avions.
Enfin, les toitures végétalisées contribuent à la protection de la biodiversité, en reconstituant à travers la ville un nouveau maillage écologique : les différentes espèces retrouvent des habitats, puisque la surface perdue au sol par le bâtiment est retrouvée en toiture. Elles constituent de véritables écosystèmes, où plantes et espèces animales peuvent se développer, notamment les insectes, indispensables pour la pollinisation.
S’il est plus simple de prévoir l’intégration de ce système dès la conception, il reste adaptable dans le cadre d’une rénovation, du moins en plantation extensive ou semi-extensive. Les coûts d’entretien sont particulièrement faibles, puisque l’entretien se résume au minimum : ni tonte, ni arrosage, et un simple entretien annuel pour les plantations extensives. Son coût varie de 25 à 100 euros le m², et peut être majoré en termes de construction du fait de la charge supplémentaire ou de l’étanchéité spécifique. Mais ce coût sera rapidement compensé par les économies d’énergie réalisées grâce à une meilleure isolation par exemple, qui limite ainsi les besoins en chauffage ou en climatisation.
Si en France les toitures végétales sont encore principalement installées sur des bâtiments publics, la technique est tout à fait accessible aux particuliers, à la seule condition d’avoir un toit plat, ou dont l’inclinaison est inférieure à 35°.
Lauriane
Architecte DE